Procès de Nuremberg (1945-1946)
• Objectif : juger les hauts responsables nazis (22 accusés).
• Nouveaux chefs d’accusation : crimes contre l’humanité.
• Limite : le génocide des Juifs et des Tsiganes est noyé dans la masse des crimes de guerre.
• Procès dans les zones occupées en Allemagne (1945-1949)
• Organisés par les Alliés (américains, britanniques, français, soviétiques).
• Condamnations pour crimes contre l’humanité, mais peu de mise en avant des génocides.
• Contexte politique : Guerre froide → amnistie massive des nazis pour stabiliser l’Allemagne (300 000 prisonniers libérés dès 1947).
Procès en Europe de l’Est
• Exemple : Pologne → procès d’Auschwitz (1947), condamnation de Rudolf Höss, mais le génocide reste dilué dans les crimes de guerre.
Amnisties politiques et sociales :
• En France : lois d’amnistie en 1947, 1949, 1951 et 1953.
• En Allemagne : discours de Konrad Adenauer → « Laisser le passé au passé ».
Effacement du génocide dans la mémoire collective :
• Programmes scolaires : aucune mention avant les années 1980.
• Films : Nuit et Brouillard (1955, Alain Resnais) → confusion entre camps de concentration et centres de mise à mort.
• Le mot « juif » est prononcé une seule fois, et la responsabilité française est censurée.
Silence des survivants :
• Traumatisme, culpabilité des rescapés (exemple : Simone Veil).
Littérature et témoignages :
• Primo Levi, Si c’est un homme (1947) → échec initial (tiré à 2 500 exemplaires).
• Journal d’Anne Frank (publié en 1947) → succès international plus tard.
Associations et lieux de mémoire :
• Création d’associations comme l’Amicale d’Auschwitz (1945)
• Auschwitz devient un musée en 1947, mais la logique génocidaire reste peu exposée.
Historiens :
• Léon Poliakov (Le Bréviaire de la Haine, 1951) : première étude historique sur la Shoah.
• Collecte des archives malgré les destructions nazies (exemple : fouilles à Sobibor).
Activistes de mémoire :
• Serge et Beate Klarsfeld → publication du Mémorial de la déportation des Juifs de France (1978).
• Simon Wiesenthal → “chasseur de nazis”, responsable de l’arrestation d’Adolf Eichmann.
Résistance face au négationnisme :
• Émergence d’un discours négationniste dans les années 1970 (exemple : Robert Faurisson).
• Historiens comme Pierre Vidal-Naquet dénoncent les « assassins de la mémoire ».
Témoignages :
• Les Rouleaux d’Auschwitz → récits de membres des Sonderkommandos retrouvés après la guerre.
• Primo Levi, Si c’est un homme → relecture en 1958, succès international.
• Elie Weisel,La nuit → Témoignage rédigé d'un déporté écrit en 1955, ouvrage phare de littérature de témoignage
• Nombre de victimes : 300 000 à 600 000 (40% de la population tsigane avant guerre)
• Absence de dénomination claire : Pas de terme spécifique connu (ex : Samudaripen, Porajmos)
• Retard des travaux historiques : Commencement dans les années 1980-1990
• Silence historique avant les années 1980 : Absence de questionnements sur le génocide
• Accès aux archives : Fin de la guerre froide, archives policières locales ouvertes
• Après les procès d’après-guerre, un silence judiciaire s’est installé, aggravé par des lois d’amnistie et une volonté de tourner la page.
• L’éveil de la mémoire juive à partir des années 1960 a réactivé la justice et permis de juger le génocide comme un crime spécifique, en initiant des procès contre les criminels nazis.
• La justice, autrefois passive, reprend une dynamique avec l’implication des historiens et des témoignages.
• Pierre Nora introduit le concept de « lieux de mémoire », éléments matériels ou immatériels permettant à un groupe de se rappeler un passé commun.
Lieux mémoriels pour la Shoah :
• Auschwitz-Birkenau : En 1947, le centre devient musée, puis un lieu de mémoire majeur inscrit à l’UNESCO en 1979. Il accueille 2 millions de visiteurs par an.
• Mémoriaux physiques : Yad Vashem (1957), Mémorial de la Shoah à Paris (1957), Musée de l’Holocauste à Washington (1993), Mémorial de l’Holocauste à Berlin (2005).
Changement de politique mémorielle :
• Repentance symbolique : Gestes publics de repentance par des leaders comme Willy Brandt (Allemagne) et Jacques Chirac (France).
• Journées de commémoration : Le 27 janvier (anniversaire de la libération d’Auschwitz) est devenu la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.
• Programmes scolaires : En Allemagne dès 1962, en France dans les années 1980.
• Absence de procès : Les Tsiganes ont été largement oubliés durant le procès de Nuremberg (aucun témoin tziganes appelé).
Lieux de mémoire spécifiques aux Tsiganes :
• Premier mémorial inauguré en 1956 en Pologne, dédié aux victimes de Szczurowa.
• Mémorial de Babi Yar (massacre de Tsiganes et Juifs en Ukraine).
• En 1998, un musée du génocide tsigane est ouvert en Hongrie.
• Monument à Berlin (2012) : érigé en leur honneur par Angela Merkel
Retard de la reconnaissance officielle :
• 1982 : L’Allemagne reconnaît le génocide des Tsiganes.
• 2011 : L’UE reconnaît officiellement le génocide des Tsiganes.
• 2015 : Création de la Journée européenne du génocide des Roms, le 2 août, en mémoire des 3 000 Tsiganes tués à Auschwitz en 1944.
• France : En 2016, reconnaissance des responsabilités françaises dans l’internement des Tsiganes et inauguration d’une stèle à Montreuil-Bellay.
• Place dans les programmes scolaires : Le génocide des Tsiganes reste encore peu traité dans les manuels scolaires, bien moins que celui des Juifs.