- Titre : indique la population concernée et la variable analysée (ex : « bacheliers 2021 par type de bac »).
- Colonnes : effectifs (nombres) et/ou pourcentages (%).
- Ligne « total » : donne l’effectif global (N).
- Modalités : chaque ligne (hors total) correspond à une modalité de la variable (ex : général, technologique, professionnel).
- Champ et source : précisés en note pour comprendre la portée des données.
1.lecture et construction d'un tableau statistique
2. Calculs de pourcentages et proportions
- Proportion (%) d'un sous-groupe:
proportion (%) = (effectif du sous-groupe / effectif total) x 100
- Exemple (bacheliers 2021) :
- Bac général : 371 705/689 021 x 100 =53,9 %
- Bac technologique : 19,8 %
- Bac professionnel : 26,3 %
3. Interprétation des pourcentages
- Toujours préciser la base (population de référence).
- Les pourcentages permettent de comparer des groupes de tailles différentes.
4. Variations absolues et relatives
- variation absolue: différence brute entre deux valeurs
variation absolue = valeur finale - valeur initiale
- Variation relative(ou taux de variation) : évolution exprimée en pourcentage par rapport à la valeur initiale.
taux de variation (%)= (valeur finale - valeur initiale/ valeur initiale) x 100
- coefficient multiplicateur :
CM= 1+ taux de variation (en proportion)
- ex: hausse de 20% --> CM = 1,2; baisse de 20% --> CM= 0,8
5. Attention aux erreurs courantes
- Pourcentages élevés :
- +100 % = doublement ; +200 % = triplement ; +400 % = quintuplement.
- Deux hausses de 50 % :
- 1,5×1,5=2,25 → +125 % (et non +100 %).
- Deux baisses successives de 30 % puis 50 % :
0,7×0,5=0,35 → il reste 35 % du prix initial (et non 20 %).
- Les variations relatives ne s’additionnent pas : elles se multiplient via les coefficients multiplicateurs.
6. Catégories socioprofessionnelles (PCS)
- PCS : classification de l’Insee en 8 grands groupes (cadres, ouvriers, employés, etc.), utilisée pour analyser l’origine sociale des bacheliers.
- PCS Ménage : nouvelle grille combinant les PCS des deux adultes du ménage, pour mieux décrire la situation sociale globale.
7. Origine sociale et type de bac
- Les enfants de cadres obtiennent plus souvent un bac général ; ceux d’ouvriers, un bac professionnel.
- Les écarts de réussite (mentions) sont très marqués selon l’origine sociale, surtout dans les bacs généraux.
8. Taux de poursuite dans le supérieur
- En 2022, 92,6 % des bacheliers généraux poursuivent dans le supérieur, contre 80 % pour l’ensemble des bacheliers.
9. À retenir pour l’analyse
- Toujours indiquer la base des pourcentages.
- Prendre en compte la catégorie sociale pour interpréter les inégalités d’accès et de réussite.
- Pour les évolutions, privilégier les taux de variation et coefficients multiplicateurs pour éviter les erreurs d’interprétation.
réparation des bacheliers selon l'origine sociale (2021)
- Sur 100 bacheliers :
- 1,1 % sont enfants d’agriculteurs
- 7,9 % enfants d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise
- 19,2 % appartiennent à des catégories indéterminées (retraités, inactifs, etc.), ce qui complique l’analyse de la population de référence.
répartition de la population active par PCS (2021, source Insee)
- Points à retenir :
- Agriculteurs : un peu plus de 1 % de la population active
- Non-salariés/indépendants (agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprise, professions libérales) : environ 10 %
- Salariés : environ 90 % de la population active
- Cadres/professions intellectuelles supérieures : plus de 20 %
- Employés et ouvriers : plus de 45 % (employés : >25 %, ouvriers : ~20 %)
- Professions intermédiaires : moins du quart
Limite des comparaisons
- Les catégories sociales ne sont pas toujours comparables entre les différentes sources (ex : PCS vs catégories des parents des bacheliers)
- Certaines catégories (retraités, inactifs, etc.) sont floues et représentent une part importante des bacheliers, ce qui rend la comparaison difficile.
source statistiques principales
- INSEE : répartition de la population active, statistiques générales
- INED : études démographiques
- Ministère de l’Éducation nationale : données sur les élèves, bacheliers, panels et cohortes
suivi de cohortes et panels
- Une cohorte : ensemble de personnes ayant connu un même événement la même année (ex : bacheliers 2021)
- Suivi de cohorte : observation d’un groupe sur plusieurs années pour analyser les trajectoires et les différences selon l’origine sociale
- Panels : enquêtes annuelles répétées auprès d’un même échantillon (ex : panel 1989, panel petite section 2021)
- Ces enquêtes permettent une analyse longitudinale (suivi dans le temps) par opposition à l’analyse transversale (état à un moment donné).
exemple d'enquêtes longitudinales
- Enquêtes du ministère de l’Éducation nationale : suivi d’élèves de la 6e au bac
- Enquêtes Génération du Céreq : suivi de jeunes sortis du système scolaire sur leurs premières années de vie active
méthodes d'échantillonnages
- Tirage aléatoire simple (méthode probabiliste)
- Stratification (méthode des quotas) : division de la population en sous-groupes selon des variables (sexe, âge, profession), puis tirage au hasard dans chaque sous-groupe
- Notion d’échantillon représentatif
- Exemple : un sondage au 1/40e signifie que l’échantillon représente 1/40e de la population totale.
Les tableaux de croisés (ou tableaux de contingence)
Définition
- Tableau croisé : tableau à double entrée qui permet d’étudier simultanément deux variables qualitatives sur une même population.
- Exemple : croiser le type de baccalauréat obtenu et la PCS (Profession et Catégorie Sociale) du responsable des bacheliers.
Structure du tableau
- Lignes : modalités d’une première variable (ex : PCS du responsable).
- Colonnes : modalités d’une seconde variable (ex : type de bac).
- Cases : effectifs correspondant à la combinaison des deux modalités.
- Totaux marginaux : totaux de chaque ligne et de chaque colonne (appelés aussi effectifs marginaux).
Lecture et interprétation
- Lecture directe : permet de répondre à des questions du type « combien d’enfants d’ouvriers ont obtenu un bac général ? »
- Exemple chiffré : 39 741 enfants d’ouvriers ont obtenu un bac général en 2021.
Calculs de pourcentages: trois bases possibles
- Pourcentage sur le total général
- Formule : (effectif de la case / total général) × 100
- Exemple : (4 859 / 689 021) × 100 = 0,7 %
- Utilité : détermine la part d’une modalité croisée dans l’ensemble de la population.
- Limite : peu informatif pour comparer des groupes.
- Pourcentage en ligne
- Formule : (effectif de la case / total de la ligne) × 100
- Exemple : (4 859 / 7 615) × 100 = 63,8 %
- Utilité : sur 100 bacheliers d’une PCS donnée, combien ont obtenu tel type de bac ?
- Intérêt : permet de comparer les choix de bac selon l’origine sociale.
- Pourcentage en colonne
- Formule : (effectif de la case / total de la colonne) × 100
- Exemple : (4 859 / 371 705) × 100 = 1,3 %
- Utilité : sur 100 bacheliers d’un type de bac donné, combien sont issus d’une PCS donnée ?
- Intérêt : permet de comparer l’origine sociale des titulaires d’un type de bac.
À retenir:
- Le choix de la base de calcul (total général, ligne, colonne) dépend de la question posée.
- Les pourcentages en ligne et en colonne permettent des comparaisons précises entre groupes sociaux ou entre types de bac.
- Les totaux marginaux permettent de retrouver les effectifs simples de chaque modalité.
Répartition sociale des bacheliers selon le type de baccalauréat
1. Lecture des pourcentages en lignes : profil des bacheliers selon leur origine sociale
- Chaque ligne représente la répartition, en pourcentage, des types de baccalauréat obtenus par les enfants d’une même catégorie socioprofessionnelle (PCS).
- Exemple : Parmi les enfants d’agriculteurs bacheliers, 63,8 % ont un bac général, 17,5 % un bac technologique, 18,6 % un bac professionnel.
Lecture différentielle (écarts à la moyenne) :
- Les enfants de cadres supérieurs sont nettement surreprésentés en bac général (+24,9 points par rapport à la moyenne) et très sous-représentés en bac professionnel (–18,5 points).
- Les enfants d’ouvriers sont sous-représentés en bac général (–12,6 points) et surreprésentés en bac professionnel (+7,8 points).
- Les enfants d’employés sont proches de la moyenne, mais légèrement surreprésentés en bac technologique (+3 points).
2. Lecture des pourcentages en colonnes : composition sociale de chaque type de bac
- Chaque colonne indique la part des différentes PCS dans chaque type de baccalauréat.
- Exemple : Parmi les bacheliers généraux, 32,9 % sont enfants de cadres supérieurs, 10,7 % enfants d’ouvriers.
3. Principes de lecture d’un tableau croisé
- Lecture en lignes : profil des enfants d’une PCS selon le type de bac obtenu.
- Lecture en colonnes : composition sociale de chaque type de bac.
- Comparaison systématique avec la moyenne (répartition marginale) pour repérer sur- ou sous-représentation.
- Attention à ne pas confondre lecture majoritaire (pourcentages > 50 %) et lecture différentielle (écarts par rapport à la moyenne).
4. Interprétation sociologique
- Il existe une corrélation entre PCS des parents et type de bac obtenu : l’orientation scolaire dépend en partie de l’origine sociale.
- PCS = variable explicative (indépendante), type de bac = variable dépendante.
- Pour expliquer ce lien, il faut mobiliser des théories sociologiques (capital culturel de Bourdieu, choix rationnel de Boudon).
Résumé :
- Les enfants de cadres sont surreprésentés en bac général, les enfants d’ouvriers en bac professionnel.
- Les différences de répartition révèlent des inégalités sociales dans l’accès aux différents types de baccalauréat.
- L’analyse statistique permet de constater le lien, mais l’explication relève de la sociologie.
Corrélation et causalité
- Il faut être prudent avec les corrélations : une relation statistique entre deux variables ne signifie pas nécessairement qu’il y a un lien de cause à effet.
- Une variable peut être influencée par une troisième variable cachée. Pour vérifier la réalité d’une liaison, il faut contrôler d’autres variables via l’analyse multivariée (passer de l’analyse bivariée à multivariée).
- Exemple : Les hommes ont plus d’accidents de voiture que les femmes, mais cela s’explique par le fait qu’ils parcourent plus de kilomètres. À kilométrage égal, la différence disparaît : le sexe n’est pas la cause directe.
- D’autres exemples montrent que deux variables peuvent être corrélées parce qu’elles dépendent toutes deux d’une troisième (ex : consommation de viande et espérance de vie, toutes deux liées à la richesse du pays).
- Il existe aussi des corrélations trompeuses dues à des variables multiples (ex : taux de divorce et nombre d’ordinateurs en Italie, tous deux liés à des facteurs régionaux et économiques différents).
Inégalités sociales devant l'école
- Deux explications classiques de l’effet « origine sociale » sur la réussite scolaire : le revenu des parents et leur niveau de diplôme.
- Analyse statistique (tableau 2.11) : à diplôme égal, le revenu n’a pas d’effet systématique sur la réussite ; à revenu égal, le niveau de diplôme du père a un effet net et régulier sur la réussite de l’enfant.
- L’effet diplôme ne s’explique pas seulement par l’aide directe des parents diplômés ; il s’agit d’un avantage plus diffus.
Notion de capital culturel (Bourdieu et passeron )
- L’« héritage culturel » transmis par les familles favorisées inclut savoirs, manières, savoir-faire, goûts, rapport à l’école, etc.
- Bourdieu distingue trois formes de capital culturel :
- À l’état incorporé : dispositions durables (habitus, langage, manières…)
- À l’état objectivé : biens culturels (livres, ordinateurs…)
- À l’état institutionnalisé : diplômes scolaires.
- Les inégalités de réussite scolaire découlent des inégalités de capital culturel, que l’école tend à reproduire et à légitimer en les présentant comme naturelles (don, mérite).
Inégalités d'orientation et trajectoires scolaires (bourdon)
- Au-delà de la réussite, il existe des inégalités d’orientation à niveau scolaire égal : les enfants de cadres supérieurs accèdent plus souvent à la 6e que ceux d’ouvriers, même avec des résultats similaires.
- Boudon explique ces différences par des stratégies familiales : chaque famille évalue les coûts et bénéfices des choix scolaires selon sa position sociale. Les familles modestes sont plus prudentes, les familles aisées plus ambitieuses pour leurs enfants.
- Les conseils de classe entérinent souvent ces choix, ce qui accentue les différences sociales d’orientation.
Complémentarité des approches
- Les explications de Bourdieu (capital culturel, habitus) et de Boudon (stratégies familiales, choix rationnels) sont complémentaires pour comprendre les inégalités scolaires.
- Les inégalités de réussite et d’orientation s’articulent et se renforcent mutuellement, notamment via le tri scolaire et social (constitution de « bonnes classes »).
- Des recherches récentes montrent que l’école non seulement reproduit mais amplifie les inégalités sociales.
A retenir :
- Corrélation ≠ causalité : toujours contrôler les variables cachées.
- Le capital culturel transmis par la famille est déterminant dans la réussite scolaire.
- Les stratégies et anticipations familiales expliquent les différences d’orientation.
- L’école tend à reproduire et même à amplifier les inégalités sociales.