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Sociale

Pensées sociales et représentation sociales. 

La physiognomie (Lavater, 1820) science qui avait pour ambition de valider l'association entre caractéristique corporelles et caractères moraux.

Etude faite à la fac: juger parmi des photos, le plus beau et le moins beau. On voit que les personnes catégoriser de moins beau, il sont perçu comme modeste, intègre et qu'ils ont des intérêt pour les autres.

L'homme est survaloriser par rapport a la femme alors qu'ils sont tout les deux perçu comme beaux.

Caractère axiologique de la beauté

La laideur: un déficit de valeur sociale ?

Des logiques socio-symboliques, un ordre social (rôle du genre)

« L'impression que nous nous formons d'une autre personne résulte donc de la mise en place de structures définies par une représentation sociale de la personne » (Paicheler, 1984, p. 297), qui exprime une théorie implicite de la personnalité (Bruner & Taguiri, 1954) marquée par une vision du monde social, des modèles normatifs et des idéaux.

« L'utilisation d'une théorie implicite suppose ainsi un certain modèle de « société ». Les représentations mobilisées pour permettre ces attributions ou inférences ne concernent pas que la personne (ou la personnalité) mais également le corps. Le corps représenté, symbolisé, constitue un réservoir de sens par son objectivation et sa subjectivation au sein de la structure sociale » (Bertoldo, Justo, & Dany, p. 97).

I. La pensée sociale

Façon dʼimaginer une modalité de la pensée dans laquelle on retrouve pleins de choses (stéréotypes, …) lié à la culture.

I. 1. Définition générale

 Toute représentation sociale constitue « une forme de pensée sociale » (Jodelet, 1984, p. 361), elle en constitue un cas type. Dans la littérature, un certain nombre de termes sont utilisés pour rendre compte de ces phénomènes associés à la connaissance sociale : connaissance spontanée, pensée naturelle, connaissance naïve, sens commun (cf. Haas & Jodelet, 2007; Rouquette, 1973).

On parle ainsi de pensée naturelle pour distinguer cette forme de connaissance de la pensée scientifique.

Ce type de pensée a pour caractéristiques de se fonder sur l'expérience sensible, de se manifester dans la communication sociale et de s'exprimer à travers le langage de tous les jours, et qui répond à sa logique propre (Haas, 1999; Haas & Jodelet, 2007).

La pensée sociale correspond à des productions de l'esprit collectif qui émergent des interactions entre les individus (représentations sociales, croyance, valeurs, rumeurs, idéologie)

Elles est sociale car

  • Elle est partagée par un ensemble de personne
  • Elle permet d'affirmer une appartenance et d'exprimer une identité sociale
  • Ses modes d'élaboration sont tributaires des formes de communication sociale (individuelle, institutionnelle, médiatique)

I. 2. Une épistémologie du sens commun

Rouquette (1998) distingue deux aspects de la pensée sociale:

  • Celle qui "prend pour objet la réalité sociale"
  • Celle qui réfère “à l'intervention de facteurs sociaux dans la réalisation commune de la pensée

La pensée sociale “prend pour objet privilégiés les “autresˮ, les relation entre les individus, les thèmes,les croyance du domaine collectifˮ

Il s'agit d'une pensée constitutive et constituant du rapport au social, c'est une pensée concrète, d'application qui s'attache à des questions et situations quotidiennes

→ Une pensée du quotidien pour le quotidien. 

I. 3.  Logique formelle vs logique sociale

On oppose souvent la logique formelle (la science, les mathématiques, ou même la psychologie) à la logique naturelle (celle de la pensée sociale). Une des distinction entre pensée formelle et naturelle tient au fait que a pensée formelle (scientifique) chercher et atteint le “vraiˮ. C'est une pensée (pensée formelle) qui se contrôle et formule des critères pour infirmer ou confirmer ses raisonnements ( Moscovici et Hewstone, 1998)

La frontière entre ces modalités n'est pas facile à poser, elle est floue:

  • La frontière entre savoirs scientifiques/rationnels et savoirs de sens commun est poreuse (Fleck, 1935, Latour et Woolgar, 1988) voire ces savoirs peuvent entretenir une relation circulaire (Bangerter, 2008)
  • Dans la vie quotidienne pour l'individu social, le passage de l'un à l'autre de ces modes de pensées s'effectue de manière “naturelleˮ (validité du recours à ces deux registres de pensée) ais aussi de façon conjointe (simultanéité possible des registres de pensé) 

I. 4.  La rationalité de la pensée sociale

 La pensée sociale n'a pas besoin d'être “raisonnableˮ (au sens normatif du terme) Elle constitue une modalité possible de la raison, en tant qu'elle ordonne la réalité du monde qui est le nôtre et qu'elle permet aux individus de connaître, de juger et d'agir conformément à leurs propres principes. « Il faut dépasser la validité scientifique des postulats des croyances pour analyser les implications psychologiques et comportementales chez le sujet qui croit et leurs conséquences dans sa façon de maîtriser le monde et d'anticiper les situations » ( Heider, 1958).

Ce qu'exprime la pensée sociale (ou de sens commun) ne constituent pas des « aberrations gratuites » ou le « témoignage d'une immaturité » (Rouquette,1994).

Elle n'est pas pseudo-logique car cela reviendrait à considérer la science comme un modèle idéal d'organisation intellectuelle !

On peut opposer à cette perspective au moins trois critiques :

  1. La science elle-même est marquée par des distorsions et des incohérences.
  2. La science établie (aussi) des vérités contradictoires.
  3. || existe « une logique de l'illogique » (Windisch, 1982)

I. 5. Illustrations

Définition

Le syllogisme
Mise en relation (prémisse) qui conduise à une conclusion

Illustration 1:

Scribner, 1977: Recherche sur le raisonnement verbale qui utilise des syllogismes par rapport aux échecs. Exemple du fermier Kpelle → vin de palme et chef de village.

Les sujets produisent ils leurs jugements/conclusions sur la base d'assertions produites par les éléments du problème (évidence formelle) ou s'appuient-ils sur leurs connaissances du monde réel (évidence fonctionnelle) ?

La réponse témoigne d'une évidence pour laquelle l'expérience passée conduit - via la manipulation du contenu du problème - à la réponse qui témoigne in fine d'une connaissance pratique. L'expérience personnelle et sociale se constitue en contenus d'informations, de représentations.

Illustration 2:

Utiliser des préservatifs mais si la personne est propre ne pas en mettre. → s'éloigne de la logique formelle.


I. 6. L'architecture de la pensée sociale

Rouquette (1996) a proposé une architecture de la pensée sociale incluant les concepts d'idéologie, de représentations sociales, d'attitudes et d'options à partir de leur stabilité (instable vs stable) et de leur niveau de généralité (particulier vs général).

I. 7.  Pour conclure sur la pensée social

« Notre pensée et notre langage portent sur des significations. Or la signification ne jaillit pas de l'information elle-même [...] la signification n'est pas déterminée par la clarté de la perception ou la justesse des inférences, par les faits ou les éléments d'information. Elle dépend dans une large mesure d'engagements antérieurs envers un système conceptuel, une idéologie, une ontologie (rapport existentiel au monde) et un point de vue (Moscovici & Hewstone, 1984, p. 558).

Pensée sociale et sentiment d'évidence (Paicheler, 1998).

L'évidence est à la fois sociale (l'argumentation disponible dans le marché des idées, des croyances, la reconnaissance de la pertinence du savoir produit et véhiculé) et individuelle (la pertinence du recours à une argumentation corroborant l'expérience personnelle et sociale).

II. Les représentations sociales

II. 1. Introduction

Dans une assertion large :

  • La représentation constitue un acte par lequel un matériel concret est organisé en catégorie ou « objets de pensée » → la représentation comme processus.
  • La représentation désigne également les contenus de cet acte de pensée → la représentation comme contenu.

L'acte de représentation: un acte de connaissance qui relie un objet à un sujet au moyen d'une représentation - présentation de quelque chose à l'esprit de quelqu'un.

→ Un contenu concret qui tient lieu de réalité pour l'individu.

→ La représentation se substitue à la réalité, elle est une (re)création de la réalité.

Adjoindre le terme « sociale » à celui de représentation → prise en considération des « forces et contraintes » émanant de la société, du social.

Pour Moscovici (1976), il vise à signifier :

  • la dimension de groupes sociaux (renvoie à des collectifs) ;
  • un critère d'expression (la représentation comme manifestation expressive des groupes sociaux) ;
  • une dimension relative au processus de production des représentations (le social comme lieu de production) ;
  • et en particulier leur caractère fonctionnel (« social » car elle contribue aux processus de formation des conduites et d'orientations des communications sociales)

II. 2.  Origine de la théorie : l'étude princeps de Moscovici (1961)

Pour Moscovici (1984), la psychologie sociale trouve son unité et sa spécificité en se donnant comme objet d'étude la connaissance sociale et la communication sociale.

Moscovici a introduit le concept de RS sur la base de la notion de représentation collective, décrite plus tôt par Durkheim (1898).

Dans la perspective de Durkheim, les représentations collectives désignent des formes de pensée partagée par une société, qui orientent les conduites et définissent ce qui est conforme aux normes ou non ; des entités générales (mythes, légendes, religions) dont la stabilité semble tendre vers l'inertie. Durkheim, E. (1898). Représentations individuelles et représentations collectives. Revue de Métaphysique et de Morale, 6(3), 273-302.

« Or, quand nous avons dit ailleurs que les faits sociaux sont, en un sens, indépendants des individus et extérieurs aux consciences individuelles, nous n'avons fait qu'affirmer du règne social ce que nous venons d'établir à propos du règne psychique. La société a pour substrat l'ensemble des individus associés. (...)

« Qu'y a-t-il de surprenant à ce que les représentations collectives, produites par les actions et les réactions échangées entre les consciences élémentaires dont est faite la société, ne dérivent pas directement de ces dernières et, par suite, les débordent ? »

« Si l'on peut dire, à certains égards, que les représentations collectives sont extérieures aux consciences individuelles, c'est qu'elles ne dérivent pas des individus pris isolément, mais de leur concours; ce qui est bien différent ».

Le concept de représentation sociale tient davantage compte des caractéristiques des sociétés contemporaines, que ce soit au niveau de l'intensité et de la fluidité des échanges et des communications ou encore au niveau de la pluralité et de la mobilité sociale (Jodelet, 1989).

Pour Moscovici (1989), les représentations sociales se distinguent des représentations collectives selon trois points.

  1. Le premier est d'affirmer les origines multiples des représentations, à la fois dans le groupe et chez l'individu.
  2. Le deuxième est de reconnaître la mobilité des représentations, passant du social à l'individu ou de l'individu au social.
  3. Le troisième est de souligner l'importance de la communication afin que les connaissances et émotions des individus trouvent une place dans le social, et que le social se retrouve dans les cognitions et émotions des individus.

Pour Moscovici (1976) la représentation sociale est une instance qui :

  • Se situe entre le concept et le percept ;
  • Contribue à la formation des conduites et à l'orientation des connaissances sociales;
  • Se caractérise par une focalisation sur une relation sociale et une pression à l'inférence (relations entre propositions) ;
  • S'élabore dans les différentes modalités des communications ;
  • Aboutit à des processus d'objectivation et de classification


II. 3. Quelques définitions

Définition

Moscovici, 1973
« Un système de valeurs, d'idées et de pratiques ayant une double fonction; premièrement, établir un ordre qui permettra aux individus de s'orienter dans leur monde matériel et social et de le maîtriser ; deuxièmement, permettre la communication entre les membres d'une communauté en leur fournissant des codes d'échanges sociaux et un code pour nommer et classer sans ambiguité les différents aspects de leur monde et de leur histoire individuelle et collective »
Abric, 1987
« La représentation est le produit et le processus d'une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté, et lui attribue une signification spécifique »
Jodelet, 1989
« Une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à un ensemble social »
Doise, 1986
« Les représentations sociales sont des principes générateurs de prises de position liées à des insertions spécifiques dans un ensemble de rapport sociaux et organisant les processus symboliques intervenant dans ces rapports »

S'il y a une multiplicité de définitions, on peut toutefois identifier des points communs.

Les représentations sociales...

  • Sont une forme de connaissance socialement élaborée et partagée (Doise, 1990; Jodelet, 1989; Palmonari & Doise, 1986) ;
  • Ont une visée pratique: intégration de la réalité, mise en jeu dans la communication et les pratiques sociales .. (Abric, 1994 ; Jodelet, 1984, 1989; Moscovici, 1976) ;
  • Peuvent être abordées comme produits, mais aussi comme processus.
  • Se situent étroitement dans les rapports symboliques inter- et intragroupes (Palmonari & Doise, 1986).

II. 4. Les dimensions/caractéristiques

Quelle que soit son origine, la représentation sociale possède un certain nombre de caractéristiques. Ces caractéristiques sont les suivantes (Jodelet, 1984, 1989) :

  • Il s'agit toujours d'une , représentation d'un objet (personne, objet ou événement), dont elle tient lieu ;
  • Elle a un caractère imageant et la propriété de rendre interchangeable le sensible et l'idée, le percept et le concept. Elle sert donc à rendre présent à l'esprit quelque chose d'absent.
  • Elle a un caractère symbolique et signifiant: elle fait correspondre à toute figure un sens et à tout sens une figure (e.g., le « bien boire »).
  • Elle a un caractère constructif (activité de construction, re-construction dans l'activité représentationnelle, dynamique représentationnelle) ;
  • Elle est autonome et créative (relation entre représentations) ;
  • Elle comporte toujours quelque chose de social: les catégories qui la structurent et l'expriment disposent d'un fond culturel (e.g., maladies).

(1) La communication:

Les représentations offrent aux individus « un code pour leurs échanges et un code pour nommer et classer de manière univoque les parties de leur monde, de leur histoire individuelle ou collective » (Moscovici, 1961, p. 11).

Les RS permettent donc de donner forme à la pensée sociale qui s'exprime dans les échanges quotidiens.

Elles actualisent les connaissances qui servent de base à ces échanges → lien réciproque entre communications et représentations.

(2) La (Re)construction (du réel)

Dans le champ d'étude des RS, l'individu est vu comme un acteur qui remodèle et catégorise les informations auxquelles il est confronté, et il ne le fait pas dans un vide social, il le fait en relation avec d'autres individus, et à partir d'objet qui sont socialement importants pour lui et autrui.

« Les représentations (...) nous guident dans la façon de nommer et définir ensemble les différents aspects de notre réalité de tous les jours, dans la façon de les interpréter, statuer sur eux et, le cas échéant, prendre une position à leur égard et la défendre » ( Jodelet, 1989).

Exemple. Qu'est-ce qu'un drogué ? Un malade ou un délinquant ?

(3) La maîtrise de (de l'environnement)

L'ensemble des RS permettent aux individus de se situer dans leur environnement et de le maîtriser. Cette possibilité de maîtrise de l'environnement met en lumière l'utilité sociale de la représentation, son caractère fonctionnel pour les individus. Il faut voir dans ce caractère fonctionnel, que les RS son utiles pour les individus, elles leurs permettent de négocier l'incertitude, de s'adapter à leur environnement.

II. 5.  Émergence et objets de représentation

Moscovici a proposé initialement 3 trois conditions nécessaires à l'émergence d'une représentation sociale :

  1. la dispersion de l'information ;
  2. la focalisation d'un groupe social particulier sur un aspect ou l'autre de l'objet ;
  3. la pression à l'inférence → nécessité à mettre en relation autour de l'objet

Moliner (1993) a proposé plusieurs critères pour qu'un objet puisse servir de base à une représentation sociale :

  1. Les spécificités de l'objet
  2. Les caractéristiques du groupe
  3. Les enjeux: Identitaire; Maintien de la cohésion sociale
  4. La dynamique sociale
  5. L'absence d'orthodoxie → pas de forme de représentation qui nous pousse à penser la même chose

II. 6. Le contenu des représentations sociales

Elle sont composées de:

  • L'information: Une représentation se compose d'un ensemble d'informations. Ces informations sont les connaissances (au sens large du terme, connaissances scientifiques, objectives ou non) dont disposent les individus et groupes sociaux à l'égard de l'objet représenté.
  • L'attitude: L'objet de la représentation fait l'objet d'une attitude générale qui témoigne d'une disposition plus ou moins favorables de l'individu et des groupes sociaux à son égard.
  • Le champ: Renvoie au fait que les unités élémentaires d'information sur l'objet représenté sont organisées, articulées et hiérarchisées entre elles.

Sociale

Pensées sociales et représentation sociales. 

La physiognomie (Lavater, 1820) science qui avait pour ambition de valider l'association entre caractéristique corporelles et caractères moraux.

Etude faite à la fac: juger parmi des photos, le plus beau et le moins beau. On voit que les personnes catégoriser de moins beau, il sont perçu comme modeste, intègre et qu'ils ont des intérêt pour les autres.

L'homme est survaloriser par rapport a la femme alors qu'ils sont tout les deux perçu comme beaux.

Caractère axiologique de la beauté

La laideur: un déficit de valeur sociale ?

Des logiques socio-symboliques, un ordre social (rôle du genre)

« L'impression que nous nous formons d'une autre personne résulte donc de la mise en place de structures définies par une représentation sociale de la personne » (Paicheler, 1984, p. 297), qui exprime une théorie implicite de la personnalité (Bruner & Taguiri, 1954) marquée par une vision du monde social, des modèles normatifs et des idéaux.

« L'utilisation d'une théorie implicite suppose ainsi un certain modèle de « société ». Les représentations mobilisées pour permettre ces attributions ou inférences ne concernent pas que la personne (ou la personnalité) mais également le corps. Le corps représenté, symbolisé, constitue un réservoir de sens par son objectivation et sa subjectivation au sein de la structure sociale » (Bertoldo, Justo, & Dany, p. 97).

I. La pensée sociale

Façon dʼimaginer une modalité de la pensée dans laquelle on retrouve pleins de choses (stéréotypes, …) lié à la culture.

I. 1. Définition générale

 Toute représentation sociale constitue « une forme de pensée sociale » (Jodelet, 1984, p. 361), elle en constitue un cas type. Dans la littérature, un certain nombre de termes sont utilisés pour rendre compte de ces phénomènes associés à la connaissance sociale : connaissance spontanée, pensée naturelle, connaissance naïve, sens commun (cf. Haas & Jodelet, 2007; Rouquette, 1973).

On parle ainsi de pensée naturelle pour distinguer cette forme de connaissance de la pensée scientifique.

Ce type de pensée a pour caractéristiques de se fonder sur l'expérience sensible, de se manifester dans la communication sociale et de s'exprimer à travers le langage de tous les jours, et qui répond à sa logique propre (Haas, 1999; Haas & Jodelet, 2007).

La pensée sociale correspond à des productions de l'esprit collectif qui émergent des interactions entre les individus (représentations sociales, croyance, valeurs, rumeurs, idéologie)

Elles est sociale car

  • Elle est partagée par un ensemble de personne
  • Elle permet d'affirmer une appartenance et d'exprimer une identité sociale
  • Ses modes d'élaboration sont tributaires des formes de communication sociale (individuelle, institutionnelle, médiatique)

I. 2. Une épistémologie du sens commun

Rouquette (1998) distingue deux aspects de la pensée sociale:

  • Celle qui "prend pour objet la réalité sociale"
  • Celle qui réfère “à l'intervention de facteurs sociaux dans la réalisation commune de la pensée

La pensée sociale “prend pour objet privilégiés les “autresˮ, les relation entre les individus, les thèmes,les croyance du domaine collectifˮ

Il s'agit d'une pensée constitutive et constituant du rapport au social, c'est une pensée concrète, d'application qui s'attache à des questions et situations quotidiennes

→ Une pensée du quotidien pour le quotidien. 

I. 3.  Logique formelle vs logique sociale

On oppose souvent la logique formelle (la science, les mathématiques, ou même la psychologie) à la logique naturelle (celle de la pensée sociale). Une des distinction entre pensée formelle et naturelle tient au fait que a pensée formelle (scientifique) chercher et atteint le “vraiˮ. C'est une pensée (pensée formelle) qui se contrôle et formule des critères pour infirmer ou confirmer ses raisonnements ( Moscovici et Hewstone, 1998)

La frontière entre ces modalités n'est pas facile à poser, elle est floue:

  • La frontière entre savoirs scientifiques/rationnels et savoirs de sens commun est poreuse (Fleck, 1935, Latour et Woolgar, 1988) voire ces savoirs peuvent entretenir une relation circulaire (Bangerter, 2008)
  • Dans la vie quotidienne pour l'individu social, le passage de l'un à l'autre de ces modes de pensées s'effectue de manière “naturelleˮ (validité du recours à ces deux registres de pensée) ais aussi de façon conjointe (simultanéité possible des registres de pensé) 

I. 4.  La rationalité de la pensée sociale

 La pensée sociale n'a pas besoin d'être “raisonnableˮ (au sens normatif du terme) Elle constitue une modalité possible de la raison, en tant qu'elle ordonne la réalité du monde qui est le nôtre et qu'elle permet aux individus de connaître, de juger et d'agir conformément à leurs propres principes. « Il faut dépasser la validité scientifique des postulats des croyances pour analyser les implications psychologiques et comportementales chez le sujet qui croit et leurs conséquences dans sa façon de maîtriser le monde et d'anticiper les situations » ( Heider, 1958).

Ce qu'exprime la pensée sociale (ou de sens commun) ne constituent pas des « aberrations gratuites » ou le « témoignage d'une immaturité » (Rouquette,1994).

Elle n'est pas pseudo-logique car cela reviendrait à considérer la science comme un modèle idéal d'organisation intellectuelle !

On peut opposer à cette perspective au moins trois critiques :

  1. La science elle-même est marquée par des distorsions et des incohérences.
  2. La science établie (aussi) des vérités contradictoires.
  3. || existe « une logique de l'illogique » (Windisch, 1982)

I. 5. Illustrations

Définition

Le syllogisme
Mise en relation (prémisse) qui conduise à une conclusion

Illustration 1:

Scribner, 1977: Recherche sur le raisonnement verbale qui utilise des syllogismes par rapport aux échecs. Exemple du fermier Kpelle → vin de palme et chef de village.

Les sujets produisent ils leurs jugements/conclusions sur la base d'assertions produites par les éléments du problème (évidence formelle) ou s'appuient-ils sur leurs connaissances du monde réel (évidence fonctionnelle) ?

La réponse témoigne d'une évidence pour laquelle l'expérience passée conduit - via la manipulation du contenu du problème - à la réponse qui témoigne in fine d'une connaissance pratique. L'expérience personnelle et sociale se constitue en contenus d'informations, de représentations.

Illustration 2:

Utiliser des préservatifs mais si la personne est propre ne pas en mettre. → s'éloigne de la logique formelle.


I. 6. L'architecture de la pensée sociale

Rouquette (1996) a proposé une architecture de la pensée sociale incluant les concepts d'idéologie, de représentations sociales, d'attitudes et d'options à partir de leur stabilité (instable vs stable) et de leur niveau de généralité (particulier vs général).

I. 7.  Pour conclure sur la pensée social

« Notre pensée et notre langage portent sur des significations. Or la signification ne jaillit pas de l'information elle-même [...] la signification n'est pas déterminée par la clarté de la perception ou la justesse des inférences, par les faits ou les éléments d'information. Elle dépend dans une large mesure d'engagements antérieurs envers un système conceptuel, une idéologie, une ontologie (rapport existentiel au monde) et un point de vue (Moscovici & Hewstone, 1984, p. 558).

Pensée sociale et sentiment d'évidence (Paicheler, 1998).

L'évidence est à la fois sociale (l'argumentation disponible dans le marché des idées, des croyances, la reconnaissance de la pertinence du savoir produit et véhiculé) et individuelle (la pertinence du recours à une argumentation corroborant l'expérience personnelle et sociale).

II. Les représentations sociales

II. 1. Introduction

Dans une assertion large :

  • La représentation constitue un acte par lequel un matériel concret est organisé en catégorie ou « objets de pensée » → la représentation comme processus.
  • La représentation désigne également les contenus de cet acte de pensée → la représentation comme contenu.

L'acte de représentation: un acte de connaissance qui relie un objet à un sujet au moyen d'une représentation - présentation de quelque chose à l'esprit de quelqu'un.

→ Un contenu concret qui tient lieu de réalité pour l'individu.

→ La représentation se substitue à la réalité, elle est une (re)création de la réalité.

Adjoindre le terme « sociale » à celui de représentation → prise en considération des « forces et contraintes » émanant de la société, du social.

Pour Moscovici (1976), il vise à signifier :

  • la dimension de groupes sociaux (renvoie à des collectifs) ;
  • un critère d'expression (la représentation comme manifestation expressive des groupes sociaux) ;
  • une dimension relative au processus de production des représentations (le social comme lieu de production) ;
  • et en particulier leur caractère fonctionnel (« social » car elle contribue aux processus de formation des conduites et d'orientations des communications sociales)

II. 2.  Origine de la théorie : l'étude princeps de Moscovici (1961)

Pour Moscovici (1984), la psychologie sociale trouve son unité et sa spécificité en se donnant comme objet d'étude la connaissance sociale et la communication sociale.

Moscovici a introduit le concept de RS sur la base de la notion de représentation collective, décrite plus tôt par Durkheim (1898).

Dans la perspective de Durkheim, les représentations collectives désignent des formes de pensée partagée par une société, qui orientent les conduites et définissent ce qui est conforme aux normes ou non ; des entités générales (mythes, légendes, religions) dont la stabilité semble tendre vers l'inertie. Durkheim, E. (1898). Représentations individuelles et représentations collectives. Revue de Métaphysique et de Morale, 6(3), 273-302.

« Or, quand nous avons dit ailleurs que les faits sociaux sont, en un sens, indépendants des individus et extérieurs aux consciences individuelles, nous n'avons fait qu'affirmer du règne social ce que nous venons d'établir à propos du règne psychique. La société a pour substrat l'ensemble des individus associés. (...)

« Qu'y a-t-il de surprenant à ce que les représentations collectives, produites par les actions et les réactions échangées entre les consciences élémentaires dont est faite la société, ne dérivent pas directement de ces dernières et, par suite, les débordent ? »

« Si l'on peut dire, à certains égards, que les représentations collectives sont extérieures aux consciences individuelles, c'est qu'elles ne dérivent pas des individus pris isolément, mais de leur concours; ce qui est bien différent ».

Le concept de représentation sociale tient davantage compte des caractéristiques des sociétés contemporaines, que ce soit au niveau de l'intensité et de la fluidité des échanges et des communications ou encore au niveau de la pluralité et de la mobilité sociale (Jodelet, 1989).

Pour Moscovici (1989), les représentations sociales se distinguent des représentations collectives selon trois points.

  1. Le premier est d'affirmer les origines multiples des représentations, à la fois dans le groupe et chez l'individu.
  2. Le deuxième est de reconnaître la mobilité des représentations, passant du social à l'individu ou de l'individu au social.
  3. Le troisième est de souligner l'importance de la communication afin que les connaissances et émotions des individus trouvent une place dans le social, et que le social se retrouve dans les cognitions et émotions des individus.

Pour Moscovici (1976) la représentation sociale est une instance qui :

  • Se situe entre le concept et le percept ;
  • Contribue à la formation des conduites et à l'orientation des connaissances sociales;
  • Se caractérise par une focalisation sur une relation sociale et une pression à l'inférence (relations entre propositions) ;
  • S'élabore dans les différentes modalités des communications ;
  • Aboutit à des processus d'objectivation et de classification


II. 3. Quelques définitions

Définition

Moscovici, 1973
« Un système de valeurs, d'idées et de pratiques ayant une double fonction; premièrement, établir un ordre qui permettra aux individus de s'orienter dans leur monde matériel et social et de le maîtriser ; deuxièmement, permettre la communication entre les membres d'une communauté en leur fournissant des codes d'échanges sociaux et un code pour nommer et classer sans ambiguité les différents aspects de leur monde et de leur histoire individuelle et collective »
Abric, 1987
« La représentation est le produit et le processus d'une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté, et lui attribue une signification spécifique »
Jodelet, 1989
« Une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à un ensemble social »
Doise, 1986
« Les représentations sociales sont des principes générateurs de prises de position liées à des insertions spécifiques dans un ensemble de rapport sociaux et organisant les processus symboliques intervenant dans ces rapports »

S'il y a une multiplicité de définitions, on peut toutefois identifier des points communs.

Les représentations sociales...

  • Sont une forme de connaissance socialement élaborée et partagée (Doise, 1990; Jodelet, 1989; Palmonari & Doise, 1986) ;
  • Ont une visée pratique: intégration de la réalité, mise en jeu dans la communication et les pratiques sociales .. (Abric, 1994 ; Jodelet, 1984, 1989; Moscovici, 1976) ;
  • Peuvent être abordées comme produits, mais aussi comme processus.
  • Se situent étroitement dans les rapports symboliques inter- et intragroupes (Palmonari & Doise, 1986).

II. 4. Les dimensions/caractéristiques

Quelle que soit son origine, la représentation sociale possède un certain nombre de caractéristiques. Ces caractéristiques sont les suivantes (Jodelet, 1984, 1989) :

  • Il s'agit toujours d'une , représentation d'un objet (personne, objet ou événement), dont elle tient lieu ;
  • Elle a un caractère imageant et la propriété de rendre interchangeable le sensible et l'idée, le percept et le concept. Elle sert donc à rendre présent à l'esprit quelque chose d'absent.
  • Elle a un caractère symbolique et signifiant: elle fait correspondre à toute figure un sens et à tout sens une figure (e.g., le « bien boire »).
  • Elle a un caractère constructif (activité de construction, re-construction dans l'activité représentationnelle, dynamique représentationnelle) ;
  • Elle est autonome et créative (relation entre représentations) ;
  • Elle comporte toujours quelque chose de social: les catégories qui la structurent et l'expriment disposent d'un fond culturel (e.g., maladies).

(1) La communication:

Les représentations offrent aux individus « un code pour leurs échanges et un code pour nommer et classer de manière univoque les parties de leur monde, de leur histoire individuelle ou collective » (Moscovici, 1961, p. 11).

Les RS permettent donc de donner forme à la pensée sociale qui s'exprime dans les échanges quotidiens.

Elles actualisent les connaissances qui servent de base à ces échanges → lien réciproque entre communications et représentations.

(2) La (Re)construction (du réel)

Dans le champ d'étude des RS, l'individu est vu comme un acteur qui remodèle et catégorise les informations auxquelles il est confronté, et il ne le fait pas dans un vide social, il le fait en relation avec d'autres individus, et à partir d'objet qui sont socialement importants pour lui et autrui.

« Les représentations (...) nous guident dans la façon de nommer et définir ensemble les différents aspects de notre réalité de tous les jours, dans la façon de les interpréter, statuer sur eux et, le cas échéant, prendre une position à leur égard et la défendre » ( Jodelet, 1989).

Exemple. Qu'est-ce qu'un drogué ? Un malade ou un délinquant ?

(3) La maîtrise de (de l'environnement)

L'ensemble des RS permettent aux individus de se situer dans leur environnement et de le maîtriser. Cette possibilité de maîtrise de l'environnement met en lumière l'utilité sociale de la représentation, son caractère fonctionnel pour les individus. Il faut voir dans ce caractère fonctionnel, que les RS son utiles pour les individus, elles leurs permettent de négocier l'incertitude, de s'adapter à leur environnement.

II. 5.  Émergence et objets de représentation

Moscovici a proposé initialement 3 trois conditions nécessaires à l'émergence d'une représentation sociale :

  1. la dispersion de l'information ;
  2. la focalisation d'un groupe social particulier sur un aspect ou l'autre de l'objet ;
  3. la pression à l'inférence → nécessité à mettre en relation autour de l'objet

Moliner (1993) a proposé plusieurs critères pour qu'un objet puisse servir de base à une représentation sociale :

  1. Les spécificités de l'objet
  2. Les caractéristiques du groupe
  3. Les enjeux: Identitaire; Maintien de la cohésion sociale
  4. La dynamique sociale
  5. L'absence d'orthodoxie → pas de forme de représentation qui nous pousse à penser la même chose

II. 6. Le contenu des représentations sociales

Elle sont composées de:

  • L'information: Une représentation se compose d'un ensemble d'informations. Ces informations sont les connaissances (au sens large du terme, connaissances scientifiques, objectives ou non) dont disposent les individus et groupes sociaux à l'égard de l'objet représenté.
  • L'attitude: L'objet de la représentation fait l'objet d'une attitude générale qui témoigne d'une disposition plus ou moins favorables de l'individu et des groupes sociaux à son égard.
  • Le champ: Renvoie au fait que les unités élémentaires d'information sur l'objet représenté sont organisées, articulées et hiérarchisées entre elles.
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