Définitions
Définition
Moraliste
Un écrivain qui s'attache à décrire les mœurs et les travers de ses contemporains, cherchant souvent à les corriger.
Ligne
Unité de texte servant ici à délimiter des passages spécifiques d'un extrait littéraire pour une analyse en détail.
Partie 1 : La mise en scène burlesque des maladresses de Ménalque
Dans les lignes 1 à 13, La Bruyère emploie une série de verbes d'action tels que « descend », « ouvre », « referme » au présent de narration pour conférer un aspect dramatique aux actions de Ménalque, soulignant ainsi leur caractère théâtral. Le lexique de l'apparence négligée est particulièrement présent avec des termes comme « bonnet de nuit », « rasé à moitié », suggérant une attention particulière aux détails ridicules et décalés du personnage. Les termes « épée », « talons », « chausses » renforcent l'ancrage temporel du texte et situent Ménalque dans le contexte du XVIIe siècle. Le pronom indéfini « On », utilisé à la ligne 7, crée une connivence entre le lecteur et l'auteur, invitant à une observation conjointe des maladresses de Ménalque, mises en scène à travers un lexique de la maladresse et un comique de situation illustré par des actions telles que « heurter » ou « tomber ».
Partie 2 : La double peinture de la distraction et de l'impatience
Les lignes 13 à 18 sont marquées par une énumération de verbes d'action : « cherche », « brouille », « crie », qui dynamisent le texte par la dramatisation comique de l'absurde effervescence de Ménalque. Cette accumulation de gestes inutiles illustre l'impatience et l'incompétence du personnage, mises en avant par le discours indirect libre : « on lui perd tout, on lui égare tout », reproduisant l'impatience de Ménalque. La comparaison à une femme amplifie encore la scène comique, où l'auteur met en parallèle les gants de Ménalque et le masque de la femme, soulignant la théâtralité des interactions.
Partie 3 : Un personnage décalé dans une société redoutablement codifiée
Dans les lignes 18 à 24, le vocabulaire du XVIIe siècle continue de peindre un tableau vivant avec des termes comme « appartement », « perruque », qui dessinent le cadre socio-historique où évolue Ménalque, un personnage en complet décalage avec les normes rigides de cette époque. Les indicateurs spatiaux tels que « sous », « où », « dans » servent à spatialiser la scène, en renforçant l'humour de la situation où la perruque de Ménalque se retrouve coincée, ajoutant une dimension visuelle et ridicule à l'anecdote. L'opposition entre le lexique du prestige (« appartement », « courtisans ») et celui de la trivialité (« perruque », « oreilles ») souligne encore la différence entre Ménalque et son environnement. L'isolement du personnage est mis en lumière par le contraste entre l'ensemble pluriel des courtisans et l'individu unique de Ménalque, accentuant la critique de La Bruyère sur la cruauté sociale et le mimétisme forcé.
A retenir :
Ce texte de La Bruyère utilise le personnage de Ménalque pour mettre en scène les travers humains dans un registre comique, s'inscrivant dans la tradition du moraliste qui cherche à corriger par le ridicule. Ménalque, à travers ses maladresses, ses impatiences, et son décalage avec l'étiquette sociale de son temps, devient un vecteur de critique sociale et humaniste. La richesse lexicale ainsi que l'organisation narrative soutiennent l'idée d'une peinture vivante et intemporelle des défauts humains, tout en ancrant le récit dans la société strictement codifiée du XVIIe siècle. La connivence créée entre le narrateur et le lecteur renforce la double visée de plaisir et de leçon propre à l'écriture moraliste.