Définitions
Définition
Moraliste
Un écrivain qui réfléchit sur la nature humaine, les mœurs et les comportements sociaux pour en tirer des leçons morales.
Lexique de l'apparence
Vocabulaire utilisé pour décrire l'apparence physique et vestimentaire d'une personne.
Pronom personnel indéfini
Un pronom qui ne renvoie à aucun antécédent précis, utilisé pour exprimer une généralité.
Partie 1 : La mise en scène burlesque des maladresses de Ménalque
L'écriture de La Bruyère s'anime dès les premières lignes par un enchaînement de verbes d'action comme « descend », « ouvre », et « referme », tous au présent de narration. Ce procédé stylistique plonge le lecteur immédiatement dans l'action, conférant une théâtralité à l'entrée en scène de Ménalque. La description de son apparence, avec des détails tels que le « bonnet de nuit » ou la « chemise par-dessus ses chausses », renforce ce portrait burlesque en soulignant la négligence et le désordre du personnage. L'utilisation d'un lexique spécifique du XVIIe siècle relie le lecteur à l'époque évoquée, tout en évoquant la figure du courtisan. Le pronom personnel indéfini « on » crée une complicité entre le lecteur et l'auteur, tous deux observateurs de ce personnage maladroit. La suite des événements, ponctuée d'actions maladroites comme « heurter » et « tomber », compose un tableau vivant et comique représentatif de ce distrait.
Partie 2 : La double peinture de la distraction et de l’impatience
La Bruyère met en lumière l'agitation absurde de Ménalque à travers une énumération de verbes d'action : « cherche », « brouille », « crie », « s’échauffe », et « appelle ». Cette accumulation transmet la frénésie gestuelle du personnage, qui contraste avec l'inutilité totale de ses actions. Le discours indirect libre qui suit soulève une nouvelle dimension de Ménalque : son impatience. Le moraliste imite le ton exaspéré de Ménalque, soulignant sa frustration face à ses prétendus domestiques. La comparaison entre la situation de Ménalque et celle d'une femme cherchant son masque amplifie le comique de cette deuxième scène, soulignant l’inefficacité et la théâtralité des deux personnages.
Partie 3 : Un personnage décalé dans une société redoutablement codifiée
Dans cette dernière partie, la terminologie du XVIIe siècle réapparait avec des termes tels que « appartement », « perruque », et « courtisan », intégrant de nouveau la figure de Ménalque dans le contexte historique de la cour. Cette fois-ci, l'accent est mis sur l'espace : les indicateurs spatiaux comme « sous », « où », et « dans » dessinent une scène nettement spatialement située. L'absurdité de Ménalque culminante avec sa perruque coincée dans le lustre royale renforce le comique de la situation, tout en dévoilant son décalage face aux codes cruels et inflexibles de la cour de Louis XIV. Les actions des courtisans, eux-mêmes figés dans cette cruauté sociale, contrastent avec le comportement de Ménalque, l'isolant ainsi davantage.
A retenir :
En conclusion, le portrait de Ménalque établi par La Bruyère n'est pas seulement une description satirique d'une personnalité du XVIIe siècle, mais également une réflexion sur l'absurdité humaine universelle. Le moraliste démontre son talent dans l'articulation entre le comique de situation et la critique sociale, oscillant entre compassion philosophique et désapproval acerbe. Si en égratignant les mœurs de son temps il se distingue de ses contemporains tels Molière ou La Fontaine, il n'en demeure pas moins que cette distance amusée dresse un tableau à la fois spécifique et intemporel des travers humains.