LIBRE-ARBITRE OU LA LIBERTE META PHYSIQUE
La capacité à choisir souverainement par notre seule volonté*. Elle est naturelle et suppose notre capacité à nous affranchir de la tyrannie des désirs.
Exemple : Prenons l'exemple classique de l'âne
et d'un bol d'avoine : les forces qui le poussent vers l'un et l'autre s'annulent. Incapable de se décider, il meurt sur place. Mais les êtres humains, eux, ne périraient pas, car ils ont un libre-arbitre qui les rend capable de choisir et de hiérarchiser leurs objectitfs.
La liberté politique
Elle désigne l'ensemble des droits des citoyens au sein de la société. Elle est culturelle et dépend de la loi en vigueur.
Ainsi les démocraties garantissent à leurs citoyens des libertés politiques telles que la liberté d'expression, la liberté de circulation..
Exemple : La Déclaration universelle des droits de l'homme
(1948) garantit des droits fondamentaux par lesquels les libertés politiques des êtres humains sont assurées.
La liberté N'EST PAS :
Faire ce que l'on veut, selon ses caprices.
On serait alors asservi à nos désirs et passions.
Pouvoir tout faire, et imposer à autrui ma volonté sans contraintes.
La liberté et volonté
La volonté est la faculté de choisir rationnellement des objectifs; elle est donc nécessaire à l'exercice du libre-arbitre. D'après Descartes, la volonté est infinie, alors même que l'être humain est fini : elle ne connaît pas de bornes. Elle présuppose cependant que nous agissions en dehors de toute contrainte, et donc librement.
Liberté et contrainte
La contrainte est une force extérieure qui s'impose à la volonté contre notre gré.
Le plus souvent, elle est de nature physique.
Exemple : L'esclave est contraint à rester dans les fers.
! ATTENTION
Il faut distinguer la contrainte de l'obligation qui est un devoir auquel nous pouvons ne pas nous soumettre. L'obligation est librement consentie, volontairement acceptée.
Liberté ET CONTINGENCE
Enfin, la liberté suppose la contingence du monde.
Ce qui est contingent est ce qui peut être autre qu'il 'est alors que ce qui est nécessaire est ce qui ne peut pas être autre. Dans un monde parfaitement déterminé, tout serait nécessaire : la volonté serait illusoire et donc il n'y aurait pas de liberté possible.
Exemple : Si je lance un dé, il est nécessaire que le résultat soit compris entre l et 6, mais il est contingent qu'il soit 2.
La délibération permet de choisir librement
On peut croire exercer notre libre-arbitre en agissant souverainement, mais regretter ses choix.
En effet, e libre-arbitre suppose de prendre une décision, mais selon des choix informés et maîtrisés : c'est ce qu'on appelle la délibération.
C'est pourquoi on est libre lorsque l'on suit non pas les passions mais la raison.
Exemple : T'insulte un ami sous l'effet de la colère.
PASSIONS
Nous sommes passif face aux passions.
En ce sens, elles sont des forces extérieures qui s'imposent à la volonté.
Exemple : Je ne maitrise pas l'amour que je ressens et ne peux pas décider de ne plus aimer une personne.
Raison
La raison suppose une activité consciente : elle implique d'agir au terme d'une délibération informée.
Dans L'Éthique à Nicomaque, Aristote juge ainsi que l'acte libre suit le schéma : délibération, choix, action. Avant d'agir, je délibère par l'exercice de ma raison afin d'anticiper es conséquences de mon action.
Exemple : L'ignorant ne saurait être libre; le sage, qui analyse rationnellement la portée de ses choix, est libre: il possède, d'après Aristote, la sagesse pratique.
Conclusion
Agir librement suppose donc la connaissance des conséquences de nos actes.
LES STOICIENS
Les stoïciens affirment qu'il est toujours possible d'agir rationnellement - et donc librement - en dépit de la force des passions qui nous agitent. Maîtriser nos passions serait d'ailleurs la seule chose qui dépende véritablement de nous : alors que nous ne pouvons rien face aux circonstances extérieures (la maladie d'un proche par exemple), nous sommes libres de contrôler notre réaction face à celles-ci.
Exemple : Dans les Pensées pour moi-même (170-180), Mare Aurèle nous engage à transformer notre âme en une citadelle intérieure sur laquelle se brisent les flots des passions. Il s'agit d'être maitre de soi-même en toutes circonstances. En ce sens, la liberté nous permet de conserver et développer nos vertus morales.
KANT
Kant montre dans la Critique de la raison pratique qu'il est de mauvaise foi de nier notre liberté au nom de la passion. Si l'on clame qu'on ne peut pas résister à un appétit (par exemple une cigarette avec le café du matin), il suffit qu'une sanction terrible frappe l'assouvissement de son désir pour que l'on s'en passe.
Exemple :
Kant utilise l'exemple de la menace de la potence. Si l'on promettait de pendre celui qui assouvi son appétit supposé irrésistible, il prendrait conscience de sa capacité à y résister.
Conclusion
Même face à la tyrannie des forces extérieures, nous sommes donc toujours capables d'exercer notre libre-arbitre, et de faire le choix juste. Grâce au libre-arbitre, nous pouvons ainsi agir moralement en toutes circonstances.
! ATTENTION
En philosophie, être déterminé, ce n'est pas être très motivé.
Définitions
Le déterminisme
Le déterminisme suppose que tour cause extérieure à ma volonté. Site effectué librement.
LE LIBRE ARBITRE N'EST PAS UNE CERTITUDE.
Nous n'avons pas de preuve irréfutable de l'existence du libre-arbitre. Il se pourrait donc qu'il ne soit qu'une illusion.
Le sentiment subjectif de posséder le libre-arbitre n'est pas suffisant pour assurer son existence.
Pour Spinoza, le libre-arbitre n'est libre qu'en apparence : bien que j'aie conscience de ce que je veux, je ne sais pas pourquoi je le veux.
Conséquence
Il faut donc remonter aux causes qui nous déterminent pour comprendre nos volontés et nos actions.
Exemple : Si je veux me battre ou m'enfuir face à une provocation, c'est bien un certain sentiment qui s'est imposé à moi; je n'ai pas choisi librement le conflit ou la fuite.
L'absence de libre-arbitre suppose que nos actes sont déterminés par des mécanismes qui nous échappent.
Mes actes dépendent de causes extérieures à ma volonté.
Nous faisons partie de la nature et ses lois s'imposent donc à mon corps et à mon esprit.
Comme tout objet naturel, nous sommes déterminés, si bien que le libre-arbitre n'existe pas : c'est le déterminisme métaphysique.
Conséquence
De la même manière que je peux prédire la position d'un astre selon des lois physiques, je pourrais, si j'en connaissais les règles, prédire l'ensemble des actions humaines.
Le déterminisme métaphysique a une composante sociale
Le déterminisme social
Mes désirs sont déterminés par ma classe sociale : en effet, ma situation dans un groupe social spécifique détermine un ensemble d'habitudes que j'ai intériorisées. Je n'ai pas conscience que je reproduis les désirs du groupe, et je me persuade qu'il s'agit de ma volonté libre.
Exemple : Mon goût pour le jazz de Miles Davis n'est pas un simple produit de ma volonté, mais d'une éducation spécifique à cette musique et d'un environnement social où ce goût était valorisé.
Conclusion
Cependant, ce déterminisme n'est pas intégral : certains s'en libèrent, en changeant de classe sociale et en modifiant leurs goûts. Le déterminisme limite le pouvoir de la volonté individuelle, mais ne suffit pas à nier l'existence du libre-arbitre.
Nous sommes libre DONC responsables de nos actes
L'existentialisme de Sartre :
Pour Sartre, l'homme se caractérise par une radicale liberté.
Bien que nous possédions des caractéristiques qui s'imposent à nous, nous ne sommes pas déterminés à l'avance, mais nous inventons notre nature (ou « essence»).
C'est ce qu'exprime la formule : « l'existence précède l'essence ».
Conséquence
« L'homme est condamné à être libre »
Sartre affirme que nous sommes condamnés à être libres : puisque nous sommes absolument libres, nous devons assumer tous nos actes.
Si je cherche à nier ma responsabilité, je fais preuve de mauvaise foi : je ne peux pas attribuer à une prétendue nature qui précèderait mon existence la responsabilité de mes actions.
« Nous sommes seuls et sans excuses » écrit Sartre.
Exemple : Je ne peux pas me défendre de mes actes violents sous prétexte que j'ai grandi dans une famille violente.
! Distinction : obligation ≠ contrainte
Je m'oblige à obéir aux lois parce qu'elles sont légitimes. Dans Du contrat social (1762), Rousseau montre que l'obéissance ne s'oppose pas à la liberté si j'adhère librement à la règle, parce que je la trouve juste.
Je ne me soumets pas à la règle, mais je m'oblige à la suivre, à condition que tous fassent de même. Par ailleurs, l'obligation peut toujours être transgressée.
SIMONE DE BEAUVOIR : JETTE VOLONTÉ NE PEUT PAS TOUT
Dans La Force de l'âge (1960), elle s'oppose à Sartre : toutes les situations données ne peuvent pas être dépassées par la seule volonté individuelle.
Conséquence
La liberté politique, condition du libre-arbitre.
La politique, et les droits et devoirs, nous assure un espace propice à l'exercice de notre libre-arbitre.
Les textes de loi assurent aux citoyens des droits imprescriptibles et des libertés inaliénables, cadre où s'exprime la liberté individuelle.
Exemple : La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 garantit que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses»; je peux ainsi pratiquer la religion de mon choix.
Conclusion
Déclarer un certain nombre de droits ne suffit pas à ce que les individus puissent effectivement en jouir. L'État doit assurer les conditions de la liberté. Il y a donc une responsabilité des pouvoirs publics d'assurer aux individus les moyens de réaliser leur liberté individuelle. La philosophe féministe Martha Nussbaum insiste sur cette idée : la capacité d'un individu à exprimer sa liberté politique est fonction de la « capabilité» dont il dispose.
Exemple : Il ne suffit pas d'avoir le droit d'avorter, il faut aussi que chacune puisse accéder à des services médicaux appropriés en cas de volonté d'avorter.