La « mort inattendue du nourrisson » (MIN) est définie comme « le décès subit d’un enfant âgé de 1 mois à 1 an jusqu’alors bien portant, alors que rien dans ses antécédents connus ni dans l’histoire des faits ne pouvait le laisser prévoir ».
La mort inattendue du nourrisson peut toucher un bébé de 0 à 24 mois, mais dans 8 cas sur 10, elle survient avant l’âge de 6 mois.
Le décès a lieu le plus souvent durant son sommeil.
Au terme d’un bilan étiologique exhaustif (anamnèse, examen du lieu de décès, examen clinique, prélèvements biologiques, imagerie, autopsie), cette MIN peut être attribuée à une origine infectieuse, génétique, cardiaque, métabolique, traumatique, accidentelle, etc.
Dans 50 % des MIN, il n’y a pas d’origines → c’est la Mort Subite du Nourrisson.
Au sein des morts inattendues se trouvent des morts expliquées par une cause naturelle ou violente et des morts qui restent inexpliquées, malgré une enquête complète, notamment une autopsie.
Les décès qui restent inexpliqués sont regroupés sous le terme de mort subite du nourrisson (MSN).
La MIN est donc une circonstance de décès, et non d’une cause. Ce n’est qu’après une exploration approfondie qu’une MIN peut être classée en MSN.
La MIN est considérée depuis plusieurs années comme d’origine plurifactorielle selon le modèle du « triple risque », à savoir :
- un enfant vulnérable par son histoire (prématuré, petit poids de naissance, etc.)
- une période critique de son développement neurologique, respiratoire et cardiaque (1 à 4 mois – 75 % des décès survenant avant les 6 mois de l’enfant)
- une exposition à des facteurs « de stress » environnementaux (décubitus ventral ou latéral, tabagisme passif, couchage sur une surface inadaptée, objets dans le lit, infections, etc.).
Ces trois facteurs réunis constituant alors une situation à risque majeure pour l’enfant.
Il existe plusieurs facteurs de risque qui peuvent augmenter les chances de survenue d'une mort inattendue du nourrisson. Certains des facteurs les plus couramment observés sont :
- le couchage en décubitus ventral ou latéral représente le facteur de risque majeur de MIN lié au risque d’obstruction mécanique des voies aériennes supérieures
- la présence d’objets dans le lit (couverture, couette, oreiller, doudous, peluches, tour de lit, etc.)
- le couchage sur un matelas mou, un canapé (etc) augmentent le risque d’enfouissement ou de confinement du visage de l’enfant.
- le partage du lit est également un facteur de risque indépendant, multipliant par 5 le risque de MIN chez les moins de 3 mois
Action de la Nicotine sur l’organisme du Nourrisson
La nicotine se fixe sur les récepteurs du tronc cérébral du fœtus qui seront ultérieurement responsables du réflexe d’éveil.
Un bébé qui a été exposé au tabac dans le ventre de sa mère contrôle moins bien sa respiration et peut ne pas se réveiller pour dégager sa tête s’il a du mal à respirer.
Le tabagisme passif a les mêmes effets et peut également conduire à une obstruction des voies respiratoire du bébé.
Le tabagisme maternel anténatal est ainsi un facteur de risque. On estime qu’un tiers des morts inattendues du nourrisson (MIN) serait évitable en l’absence de tabagisme anténatal.
L’exposition au tabac pendant la grossesse, considérée comme le deuxième
facteur de risque de mort inattendue du nourrisson, expose le fœtus à :
→ plusieurs substances toxiques produites par la combustion du tabac, telles que le monoxyde de carbone (CO) et responsables d’un défaut de développement cérébral,
→ une intoxication nicotinique qui modifie certaines structures du cerveau fœtal.
Bien que la mort inattendue du nourrisson puisse être difficile à prévenir complètement, il existe des mesures de prévention qui peuvent réduire les risques.
- L’allaitement maternel
- La Motricité libre
- Le partage de la chambre des parents : il serait en revanche bénéfique et diminuerait le risque de MIN de 50%, probablement en facilitant la surveillance de l’enfant, son accessibilité et un repositionnement plus facile dans son lit en cas d’allaitement.
- Pas de tabac : Le tabac in utero puis un environnement fumeur est un facteur de risque de mort subite, mais aussi d’infections respiratoires, d’aggravation d’un asthme, d’otites chroniques et de régurgitations. Autant de bonnes raisons pour ne pas fumer en sa présence. Ni dehors, ni dans la maison. Ça vaut pour les deux parents, mais aussi pour la nounou et tous les adultes qui s’occupent du tout-petit !
- Température sous contrôle : dans une chambre, la température idéale est de 18 ou 19°C, pas plus, dans les mois où du chauffage est nécessaire. Un petit bébé se débrouille beaucoup mieux s’il fait frais que s’il a trop chaud. Découvrez votre bébé en voiture ou dans les magasins s’il y a du chauffage, et les jours de grosses chaleurs.
- Au coucher : La grande majorité des morts inattendues du nourrisson survenant pendant le sommeil, il est primordial de limiter au maximum les risques d’étouffement quand bébé est endormi.
Voici quelques recommandations :
- Toujours sur le dos à plat
- Dès la naissance sur un matelas ferme, dans un lit rigide (par exemple, lit à barreaux) et sans rien qui puisse gêner la respiration durant son sommeil.
- Dans son propre lit : le tout-petit doit toujours dormir dans son propre lit, dans la même pièce que les parents ou les adultes qui en ont la garde au moins jusqu’à 6 mois (recommandé par OMS), aussi bien la nuit que pour les siestes. Cela permet au nourrisson de mieux réguler son sommeil et aux adultes de mieux le surveiller. Évitez les berceaux à parois pleines.
- Un matelas ferme et adapté au lit + Pas de cocon, réducteur de lit, cale-tête, cale-bébé, support mou etc. Lorsque vous utilisez un lit parapluie, ne rajoutez pas de matelas à l’intérieur.
- Dans une turbulette : la turbulette doit être bien attachée, à la bonne taille, et adaptée à la saison.
- Pas d’oreiller, ni coussin, ni couette, ni drap, ni couverture, ni tour de lit
Que ce soit pour dormir la nuit ou pour une simple sieste, Bébé doit être couché avec une gigoteuse ou une turbulette pour le couvrir, ou encore un surpyjama, seul dans son lit à barreaux et dans une pièce non surchauffée.
Création des CRMIN (centres de référence de MIN) en 1986.
Leurs missions :
- prendre en charge dans une structure hospitalière adaptée, les enfants de moins de 2 ans décédés de mort inattendue du nourrisson
- réaliser les investigations diagnostiques post-mortem
- accompagner les familles
- développer des axes de recherche visant à améliorer la compréhension de cette pathologie
- participer à la prévention et la formation des professionnels de santé ainsi que des familles.
Déroulement :
1- Prise en charge pré-hospitalière, sur le lieu du décès où sont recueillies par l’équipe SMUR :
- les circonstances de décès
- les données cliniques et environnementales concernant l’enfant et sa famille (examen clinique complet de l’enfant, entretien avec les personnes présentes, examen du lieu de décès, recueil du carnet de santé, etc.) avec une retranscription des données sur la « fiche d’intervention » standardisée au niveau national et mise à disposition des CR MIN
2- Une prise en charge hospitalière au CRMIN, assurée par un pédiatre référent qui :
- réalise un entretien avec la famille
- un examen clinique complet de l’enfant décédé
- les examens biologiques, bactériologiques, virologiques, métaboliques, génétiques et toxicologiques (fond d’œil, examens radiologiques : radiographie thoracique, radiographies de squelette corps entier, imagerie cérébrale voire du corps entier, prélèvements à visée conservatoire)
- sollicite une autopsie
3- Une prise en charge post-hospitalière dans les semaines suivant le décès
- un suivi régulier des familles organisé par l’équipe référente
- communiquer et expliquer l’ensemble des résultats aux parents
- leur proposer, ainsi qu’à la fratrie, un soutien psychologique
- leur proposer une orientation vers des associations de parents
- accompagnement médical, préventif et psychologique en cas de grossesse ultérieure.