La Révolution française, débutée en 1789, est souvent considérée comme un des événements fondateurs de la conception moderne de la nation. Elle a permis l'émergence de l'idée que la souveraineté réside dans le peuple et non dans la monarchie absolue. Par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, le peuple français réaffirme son droit à disposer de lui-même, marquant ainsi la naissance de la nation moderne. La révolution constitue également une rupture avec les anciennes hiérarchies et privilégie l’égalité devant la loi.

Du point de vue social et politique, la Révolution a aboli les privilèges et les statuts féodaux, instituant une société de citoyens égaux. L'abolition de la monarchie en 1792 a transformé la notion de gouvernance, tout en instillant des idéaux démocratiques et républicains. En outre, elle a influencé d'autres pays, favorisant l'émergence et la diffusion des mouvements nationaux sur l'ensemble de l'Europe. Au cœur de ces changements se trouve l'idée que l'appartenance à une nation implique des droits et des devoirs partagés, en renforcement du concept de citoyenneté.

Sous le consulat de Napoléon Bonaparte, puis durant le Premier Empire (1804-1815), la France a cherché à étendre son modèle révolutionnaire au-delà de ses frontières. Bonaparte a consolidé les acquis révolutionnaires tout en instaurant une nouvelle autorité centrale forte. L'exportation des principes révolutionnaires s'est effectuée par le biais des guerres napoléoniennes, qui ont également favorisé l'émergence des sentiments nationaux dans les pays occupés. En dépit de l’aspect dominé et autoritaire du régime impérial, les idées de souveraineté populaire et d'appartenance nationale ont continué à s’étendre.

L'ère révolutionnaire et impériale a transformé la France, mais elle a aussi semé les germes d'une nouvelle compréhension de la nation à l'échelle européenne et mondiale. La mobilité sociale et les droits civils promulgués par ces régimes ont permis de redéfinir les identités nationales, non pas exclusivement autour de royaumes ou dynasties, mais aussi autour de peuples partageant les mêmes valeurs et idéaux. Ces transformations ont conduit à une réflexion sur le nationalisme, qui, bien que parfois source de conflits, a aussi intégré des appels à la coopération internationale et à l'autorégalité des peuples.