Olympe de Gouges, engagée dans la Révolution française aux côtés des Girondins, adopte une position unique et courageuse pour l'époque en se positionnant comme défenseure des droits des femmes, mais aussi en s’opposant à la Terreur, dirigée par Robespierre. Elle meurt guillotinée pour ses convictions, mais ses écrits, notamment La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, continuent de résonner. Par ce texte, placardé dans les rues de Paris, elle dénonce les inégalités de genre et demande l’inclusion des femmes dans les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité.
Cet extrait se divise en trois mouvements qui illustrent la démarche de l'autrice pour faire entendre sa voix et celle de toutes les femmes dans un contexte révolutionnaire où l'égalité restait une idée souvent réservée aux hommes.
Problématique : Comment cet extrait de l’« Exhortation aux hommes » et du préambule justifie-t-il l’importance d’une constitution affirmant l’égalité entre les hommes et les femmes ?
Structure de l'extrait
- Un défi lancé aux hommes (l. 1-17) : Dès le début, Olympe de Gouges interpelle directement les hommes en les tutoyant, créant un dialogue provocateur et audacieux. Elle les défie sur leur capacité à être justes, une qualité que la Révolution recherche activement. Le tutoiement direct marque une tentative de renverser les rôles : c'est l'opprimée qui s’adresse à l’oppresseur. En posant la question « Homme, es-tu capable d’être juste ? », elle ne leur laisse plus l'excuse de l'ignorance et fait de chaque homme un acteur conscient de l'injustice envers les femmes.
- En suivant cette question initiale d’un enchaînement d’injonctions (observe, parcours, donne), elle renvoie les hommes à la nature pour démontrer que cette domination est un fait social, non naturel. En effet, elle les invite à observer que dans la nature, la notion de sexe n’est pas déterminante dans le fonctionnement des éléments, montrant l'injustice humaine comme une anomalie. Cet argument, inspiré des Lumières, en appelle à la rationalité pour que les hommes reconnaissent la nécessité d'une égalité réelle.
- La prise de parole des femmes (l. 18-35) : À partir de ce mouvement, Olympe de Gouges fait entendre la voix des femmes en revisitant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen pour affirmer l’existence et la dignité des femmes dans la société. En utilisant des termes politiques et juridiques, elle propose que les mères, filles et sœurs soient aussi constituées en Assemblée nationale. En utilisant ces termes, elle transforme le rôle des femmes d’entité biologique à actrices politiques.
- Ce mouvement se termine par une doléance solennelle : les femmes demandent à être reconnues comme citoyennes à part entière. Elle va jusqu’à affirmer que l’ignorance et le mépris des droits des femmes sont à l’origine des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, montrant que le respect de leurs droits est essentiel pour une société juste.
- Introduction aux articles de droits (l. 36-38) : Dans le troisième mouvement, elle commence la réécriture des articles en affirmant la supériorité des femmes sur les hommes, basée sur leur beauté et leur courage maternel. Cette ironie retourne les stéréotypes de l’époque pour souligner que les femmes, tout comme les hommes, possèdent des capacités dignes d’être valorisées. Par l’appel à l'Être suprême, elle sacralise son propos, rappelant l’importance divine de la justice et de l’égalité.
Conclusion
Dans cet extrait, Olympe de Gouges, figure combative et pionnière du féminisme, utilise des registres polémiques et satiriques pour ridiculiser la domination masculine et mettre en lumière ses contradictions et hypocrisies. Elle montre la nécessité de reconnaître officiellement les droits des femmes pour une société équilibrée, plaçant ainsi les bases d'une égalité constitutionnelle véritable.